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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/20

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Au troisième étage, le saindoux grinçait avec fracas dans la poêle à frire. La porte était close, selon l’habitude de cette bizarre maison ; mais, au travers des battants, on entendait des gens qui riaient et qui s’embrassaient.

— Maître Deban, s’il vous plaît !

Un silence se fit parmi les rires étouffés.

— Est-ce M. Deban, le notaire, fut-il demandé.

— Précisément… Et je commence à trouver singulier…

— Quelle heure est-il, mon gentilhomme ?

— De par tous les diables ! s’écria Roland exaspéré : je vais casser quelqu’un ici, ou quelque chose !

Il était taillé pour cela, en vérité.

Un large éclat de rire répondit à sa menace. Derrière cette porte du troisième étage, il y avait nombreuse et joyeuse société.

— Silence, mes Seigneurs, et vous, nobles dames ! ordonna la voix qui avait déjà parlé ; étranger ! le notariat est un sacerdoce. Sur le carré où vous respirez en ce moment, s’ouvrent deux escaliers : l’un qui descend, l’autre qui monte. Négligez le premier, à moins qu’il ne vous plaise de repasser demain. Prenez le second, gravissez-en les degrés, comptez avec soin dix-sept marches, à la dix-septième, vous vous arrêterez : car, Seigneur, il n’y en a pas d’autres. Vous serez alors en face d’une porte semblable à celle-ci ; vous la contemplerez d’un œil impartial et vous lancerez dedans un coup de pied proportionné à vos forces en disant : Hé ! là-bas ! Buridan !

— Buridan ! répéta notre jeune homme radouci tout d’un coup par ce nom magique.

Car la Tour de Nesle répandait autour d’eux la concorde et la paix.

— Aux beignets ! commanda la voix anonyme au lieu de répondre. J’ai assez