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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/21

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l’étranger. Reprenons le cours de nos pantagruéliques esbattements !

La poêle à frire chanta de nouveau, le rire retentit et les baisers sonnèrent. Roland pensa qu’au point où il en était arrivé, mieux valait aller jusqu’au bout.

Il monta la dernière volée de l’escalier.

Là, tout était silencieux et sombre. Les autres, ceux du premier, du second et du troisième, avaient du moins donné signe de vie, mais Buridan appelé ne répondit point. De guerre lasse, Roland, moitié par colère, moitié par manière d’acquit et pour accomplir à la lettre les recommandations du voisin, lança contre la porte muette un coup de pied, proportionné à sa force.

Il était très fort. Le pêne sauta hors de la gâche et la porte s’ouvrit.

— Qui va là ? demanda la voix d’un dormeur évidemment éveillé en sursaut.

Et comme Roland restait tout déconcerté de son exploit, la voix reprit :

— Est-ce toi, Marguerite ?

Quoi de plus simple ? Buridan attendait sa Marguerite. La Tour de Nesle était là comme partout. Roland avait amassé, en montant ce fantastique escalier, tout un trésor de méchante humeur. Il entra, disant d’un ton bourru :

— Non, ce n’est pas Marguerite.

— Alors, qui vive ? cria le dormeur en sautant sur ses pieds.

Il faut bien dire que ce nom de Marguerite était pour un peu dans la méchante humeur de Roland. Il y avait une Marguerite qui l’attendait, — ou qui devait l’attendre au boulevard Montparnasse, près de ce paradis perdu : la Grande-Chaumière, qui était alors dans tout son glorieux lustre.

La Grande-Chaumière ! quel souvenir ! La Grande-Chaumière mourut parce que son enseigne s’obstinait à caresser de