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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/237

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ajouta Mlle Vacherie. Voilà une histoire qui m’a amusée !

Chacun se rapprocha. Ce drame tout récent, et surtout la sauvage étrangeté de la péripétie avaient profondément impressionné la classe populaire, qui en savait plus long à ce sujet que le public ordinaire et même que la justice. Car, plus vous plongez, mieux vous entendez circuler les mélodramatiques rumeurs. Mille versions s’étaient produites après la mort violente de M. Lecoq. La légende des Habits Noirs courait les basses rues et défrayait les pauvres veillées. On était avide de savoir.

Similor siffla un chut retentissant.

— Un quelqu’un d’honnête et rusé qui veut se faire tout doucement sa fortune, reprit-il avec mystère, peut encore trouver des occasions, quoique ça. Les Habits-Noirs, n’y en a jamais eu ! C’est les badauds qu’inventent ces drôleries-là. Ce qu’est vrai, c’est qu’on trouve des gens qui fait un commerce quelconque, dans les brouillards, et qu’ont besoin d’individus pour veiller ou filer les paquets ; en tout bien tout honneur ; sans savoir de quoi qu’il retourne… Est-ce qu’on a seulement pu faire le moindre chagrin aux maîtres de l’estaminet de L’Épi-Scié où que l’on disait que les Habits-Noirs tenaient leurs assemblées ? ni vu ni connu, c’était des limonadiers, voilà ; on venait chez eux bloquer la poule… Y en a donc deux qu’ont disparu : M. Lecoq et M. Trois-Pattes du Plat-d’Étain…

— Est-ce que vous avez connu Trois-Pattes, vous, Monsieur Similor ? demanda la belle Vacherie qui mit dans sa voix rauque une poignée de caresses.

Similor raidit ses magnifiques mollets. Il grandissait à vue d’œil. Son vieux chapeau gris laissait passer des rayons.

— Aussi vrai comme vous êtes la jolie des jolies, répondit-il, je l’ai non seulement connu, mais fréquenté dans sa particularité, ayant notre appartement sur le même carré du sien, dans la propre maison de l’agence Lecoq, et à même de vous dire qu’il recevait des dames, première catégorie, qu’on leur dérobait çà et là une