caresse dans l’escalier en passant : histoire de badiner, sans y engager son cœur ; que leurs carrosses attendaient à la porte, et que malgré leurs falbalas, elles devenaient douces comme des agneaux dès qu’on leur coulait à l’oreille : Fera-t-il jour demain ?
Similor cessa de parler tout à coup. Il avait vu briller le petit œil gris de M. Baruque.
— Oui, cherche, Rudaupoil ! grommela-t-il au lieu de poursuivre. Tu as affaire à plus fin que toi, mon bonhomme !
Et il continua avec emphase :
— Rien dans les mains, rien dans les poches ! Je ne crains pas l’investigation de ma carrière, par l’œil jaloux de l’autorité, et, pour quant à mes secrets que j’ai recueillis, je saurais me les conserver au sein des plus cruelles tortures !
M. Baruque avait déjà tourné le dos et s’était perdu parmi les groupes.
Dans le silence qui suivit, on put entendre les rapins qui criaient autour du poêle :
— C’est ça, Militaire ! racontez-nous la naissance de M. Cœur !
Et plus loin, l’organe doux du pauvre Échalot, répétant avec une inépuisable patience :
— Saladin, sois raisonnable. Un jeune homme qui n’aurait pas été sevré, ça serait ridicule. Tu m’en remercieras plus tard !
— Fixe ! ordonna Gondrequin-Militaire. C’est une anecdote qui se raconte annuellement à la périodicité de la fête de M. Cœur, pour l’usage des nouveaux. On appelle ça La Naissance de M. Cœur, mais c’est impropre, M. Cœur, ayant dans les vingt-huit à trente ans, à vue de pays ; et la chose datant de 1832, nuit de la Mi-Carême. Seulement, il est né pour nous cette nuit-là, et ça suffit. Y sommes-nous ? Oui. C’est bien. Cascadin est chargé de se taire. C’était sous M. et Mme Lampion qui vinrent après Tamerlan : ôtez vos casquettes. M. Lampion avait du talent ; mais Madame aimait trop sa bouche : l’atelier ne fructifiait pas. M. Baruque cherchait une place