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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/290

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VIII

Mystères.


Le tableau dont Rose de Malevoy venait de découvrir la seconde moitié représentait deux jeunes filles. Nous avons dit que M. Cœur n’était pas un grand peintre : pourtant il avait produit un chef-d’œuvre.

Ces choses arrivent, soit qu’on manie le pinceau ou le ciseau, soit qu’on se serve de la plume. Chaque homme peut avoir son jour de génie, quand son cœur jaillit tout à coup hors de sa poitrine, son propre cœur.

Il avait reproduit sa rencontre avec les deux jeunes filles, au cimetière Montparnasse.

Roland avait jeté son cœur sur la toile, le rêve de son cœur, du moins la poésie entière de son existence.

C’était bien cette matinée douce et tiède, ce ciel voilé, cette atmosphère où les premières ardeurs de l’année s’épandent comme une languide volupté. Sais-je pourquoi le jardin des morts chantait tout bas une plainte amoureuse ? Il y avait là, certes, de grandes mélancolies, mais adoucies par de chères tendresses. Il semblait que ceux qui n’étaient plus, assistaient, derrière cette brume de gaze transparente comme un pieux souvenir, à la fête invi-