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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/292

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re ; elle s’était affaissée en demandant pitié à Dieu, car ses espérances étaient mortes.

Elle fit effort pour fuir ; elle ne put : sa détresse l’enchaîna ; elle resta, privée de sentiment, à la place même où elle était tombée.

Quand elle reprit ses sens, elle était couchée sur le divan où Roland dormait naguère.

Celui-ci et le comte du Bréhut se tenaient debout à ses côtés ; Nita, agenouillée près d’elle, lui donnait des soins.

La pensée lui revenant avec la vie, elle jeta un regard inquiet vers le tableau qui devait révéler son secret à ceux qui l’entouraient, comme il lui avait révélé, à elle, le secret du jeune peintre. La draperie avait été remise en place : on ne voyait plus le tableau.

Après ce premier éclair d’intelligence, elle baissa les yeux et porta ses deux mains froides à son front.

— Te voilà mieux ! dit Nita. Mon Dieu ! comme tu m’as fait peur ! Que t’est-il donc arrivé ?

Mlle de Malevoy ne répondit point ; mais comme Nita se penchait pour parler à son oreille, elle l’attira convulsivement contre son cœur.

Puis elle la repoussa, et sa poitrine exhala un grand soupir.

Les deux spectateurs de cette scène restaient immobiles et muets. Le jeune peintre faisait de vains efforts pour cacher son émotion.

Le comte du Bréhut semblait frappé violemment, et sur son pâle visage on lisait la confusion de ses pensées.

— Je vous prie, Monsieur, dit-il à Roland d’une voix qui chevrotait dans sa gorge, un mot. Il faut absolument que je vous parle.

Depuis son entrée dans l’atelier, son regard n’avait pas quitté Roland. Roland répondit :

— Monsieur, je suis à vos ordres.

Ils s’éloignèrent tous deux et gagnèrent la partie la plus reculée de l’atelier, mais