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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/293

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Roland se plaça de manière à ne point perdre de vue la princesse d’Eppstein.

— Que s’est-il passé ? demanda rapidement celle-ci à Rose, qui gardait les yeux baissés.

— Rien, répondit Mlle de Malevoy. Ou plutôt, je ne sais, ma tête est si faible… Je suis entrée ici au hasard.

— Il n’y avait personne ? demanda Nita. Rose sembla hésiter.

— Non, répliqua-t-elle pourtant d’une voix mal assurée ; il n’y avait personne.

— Il n’est entré qu’après nous, murmura Nita, nous t’avons trouvée là, évanouie…

Le souffle de Rose sortit plus libre de sa poitrine.

— Alors, dit-elle, il n’a pas été seul avec moi ?

Elle mentait pour la première fois de sa vie, car elle devinait bien que Roland n’avait pu s’éveiller sans la voir.

— Si fait, répliqua Nita. Il a dû être seul avec toi, mais qu’importe ?

— Oh ! certes, fit Rose machinalement, qu’importe ?

— Quand il est entré, poursuivit la jeune princesse, il ne venait point du dehors, et il apportait de l’eau, des sels, tout ce qu’il fallait pour te secourir : donc il t’avait vue.

— C’est clair, prononça Mlle de Malevoy de ce même accent machinal : donc il m’avait vue.

Son regard glissa vers le tableau voilé. Il y avait encore une chose qu’elle voulait savoir.

— Je me sens mieux, dit-elle sans aborder de front la question qui la préoccupait, et je me souviens un peu plus : cette odeur de peinture.. la chaleur… J’ai senti que ma tête tournait…

— Cela ne t’arrive jamais ? demanda Nita.

— Oh ! jamais… Il me reste deux angoisses sourdes… là… et là.

Elle montrait son front et son cœur.

— C’est drôle, reprit-elle poursuivant son but selon la diplomatie naïve des enfants, est-ce que tout était ici comme main-