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LA BANDE CADET

Vous connaissez l’admirable estampe : Le Convoi du pauvre, c’était bien cela. Dans ces terrains hideux qui ne sont ni ville ni campagne, sur la terre sale, parsemée d’îlots blanchâtres, là où la neige n’avait pas encore fondu, la petite charrette noire, voûtée comme une malle, roulait lentement et tristement, environnée par un immense abandon.

Le chien même n’était pas là, le chien de l’image qui suit, la tête basse, et qui fait si profondément pitié.

Au lieu du chien, c’était une fillette maigre, toute petite, à peine vêtue, mais si jolie avec sa figure rouge de froid, sous ses grands cheveux révoltés !

Elle suivait toute seule, comme le chien de l’image, la tête basse aussi, le corps grelottant, — mais elle ne pleurait pas.

Le cimetière était neuf, on achevait le mur de clôture ; cependant, il y avait déjà un marbrier, établi sur la route, dans une masure, et de l’autre côté du chemin une masure en construction annonçait que la concurrence allait naître. Devant le logis du marbrier, dont l’enseigne portait le nom de Cadet, un beau petit gars de dix ans jouait avec des débris de couronnes. Il regarda passer le corbillard ;