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LA BANDE CADET

jamais il n’en avait vu de si pauvre, et cela le fit rire, car les enfants pauvres rient aisément de la pauvreté.

— En voilà une qui est drôle tout plein, dit-il en voyant la fillette dont les cheveux emmêlés tombaient au-devant de son visage : c’est comme s’il n’y aurait pas de figure sous sa grande tignasse. Elle fait froid avec sa jupe d’indienne, ah ! malheur !

Mais il cessa de jouer, et de rire aussi, et, malgré lui, son regard suivit le corbillard, cette pauvre chose noire que la distance rapetissait déjà. Et sans savoir pourquoi, il devenait grave.

— Fainéant, voilà votre déjeuner, dit une voix essoufflée et sourde à l’intérieur de la masure ; à l’école, et vite, allons ! ou gare les coups ! Papa Cadet n’est pas loin !

Le garçonnet prit son panier et partit dans la direction de Montmartre ; son école était à la porte des Poissonniers. Au coude du sentier, il se retourna pour voir encore ce point noir qui marchait, et il soupira disant :

— Pauvre petiote !

Ce ne fut pas long, au cimetière. On mit la bière de sapin dans le trou avec une prière et une pelletée