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LA BANDE CADET

de terre par-dessus, puis le prêtre et la charrette s’en allèrent. Je ne sais pourquoi la fillette s’était cachée derrière une tombe. Quand il n’y eut plus personne, elle revint et s’assit les pieds pendants au bord de la fosse.

C’est là que le garçonnet de l’école la retrouva, la tête tombée dans sa poitrine et les mains croisées sur ses genoux. On aurait pu croire qu’elle dormait, sans le frisson qui agitait son pauvre petit corps. Le garçonnet n’osait pas s’approcher d’elle.

Il la regardait de tous ses grands yeux mouillés.

Au bout d’un moment, il ôta sa casquette comme s’il eût été dans une église. — Mais pourquoi était-il là et non pas à l’école ?

On ne sait. Un peu après, il vint tout doucement s’agenouiller près de l’enfant qui se redressa avec surprise, mais sans effroi, pour le regarder à travers ses cheveux.

— Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il à voix basse : moi, je suis Clément de chez le marbrier.

— Moi, je suis Tilde, répondit l’enfant.

— Était-ce ton père, celui qu’on a apporté ?

— C’était papa Morand.

— L’aimais-tu bien ?