Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LA BANDE CADET

— Monsieur le comte, dit Adèle à Comayrol, puisque ce fainéant de notaire est en retard, commençons à nous deux, voulez-vous ? Je n’aime pas rester à ne rien faire.

Le comte de Comayrol avait dû être très beau garçon, et ramenait encore sur ce front haut et fuyant, apanage des hommes à bonnes fortunes démissionnaires, des mèches de cheveux teints qui faisaient illusion par les temps calmes, mais le moindre vent leur était funeste. Il venait du Midi, dont il avait gardé l’accent intact, et mimait furieusement tout ce qu’il disait : à tel point qu’il faisait le geste de briser sa canne sur son genou quand il parlait de casser une croûte, et que pour exprimer l’idée d’un jeune homme qui embrasse une carrière, il baisait amoureusement le bout de ses doigts ; voilà pourquoi on ne peut jamais lutter contre les orateurs de Tarascon !

— À vos ordres, belle dame, répondit-il, est-ce le double-six, ce soir, ou la dame de carreau ?

Pour figurer le domino, il piqua douze fois le creux de sa main avec une grande énergie ; l’idée de la dame de carreau fut exprimée en battant violemment un jeu de cartes imaginaire. Nous ne don-