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LA BANDE CADET

colonel Bozzo faisait une abondante consommation de lieutenants.

S’il avait supprimé le danger venant du dehors, il avait gardé intacte sa bonne habitude d’épurer lestement son conseil, dont les membres ne vivaient jamais vieux.

Du moins, avant de mourir, étaient-ils devenus riches, tous ces soldats du mal ? Leur avait-on tenu les miraculeuses promesses de la première nuit ?

Oui et non.

Plusieurs d’entre eux avaient mené très grande vie ; mais le fameux partage n’était jamais venu.

L’ancienne Camorra, quittant les solitudes de la Grande-Grèce pour envahir les sentiers encombrés de notre civilisation, s’était transformée du haut en bas ; ses rangs élargis avaient fait d’elle une armée : la plus puissante peut-être des armées de malfaiteurs qui aient effrayé l’Europe moderne.

Elle avait englobé, cette armée, parmi ceux qui sont hors la loi, tous les puissants et tous les faibles ; les généraux ne lui manquaient pas plus que les soldats, et le gouvernement occulte dont le colonel restait le chef suprême possédait ses diplomates, ses légistes, ses grands capitaines.