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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/315

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LA BANDE CADET

dont les chevaux dansent la pavane le long de la rue du Bac, des duchesses qui auraient gagné cent pour cent à changer de tournure avec leur cuisinière, et vous vous êtes dit : « La race n’est qu’un mot. »

Ce n’est pas vrai. Le mot recouvre une chose splendide — mais rare.

Certes, je connais aussi bien que vous la femme d’un duc qui est vilaine depuis la plante de ses pieds plats jusqu’à la racine de ses rudes cheveux ; elle ne sait ni marcher ni parler ni sourire, sa voix est commune, son ton désolant et la façon blasphématoire dont elle porte la toilette des jolies fait songer à ces farces de Londres où la grosse gaîté anglaise affuble de soie et de velours la femelle du sanglier domestique.

Je ne dis pas non, mais voyez auprès d’elle : voici quelque chose de digne et de riant, une de ces fiertés françaises, si hautes et si gaies qu’on en a le cœur épanoui. J’ignore le titre qu’elle porte celle-là : moi je la nommerais la reine. Tout le monde l’adore, même ceux qui ne savent pas pourquoi. Elle impose, elle charme, elle attire ; elle a tous les parfums qui sont de la femme et un autre qui n’appartient qu’aux dieux : l’ambroisie.