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LA CAVALIÈRE

— C’est que tu as encore quelque chose à me dire, mon frère, répliqua Yves.

La même étincelle sombre et fauve s’alluma dans l’azur si doux de leurs yeux.

C’étaient deux enfants au cœur noble et bon, et plus d’une jeune fille eût envié la pureté de leurs sourires. Mais cette flamme qui sourdement brûlait dans leurs prunelles faisait honte et frayeur.

— Me provoques-tu ? balbutia René dont la bouche eut une frange livide.

— Non, dit Yves, chancelant, comme s’il résistait à une ivresse : je t’attends.

— Il faut donc que cela soit ! s’écria René avec désespoir.

— Il faut que cela soit, repartit Yves, je le crois, j’en suis sûr !

— Tu es donc bien malade dans ton âme, Yves, Yves, mon frère !

— Assez pour te disputer le trésor de ma vie à toi, René, René qui es mon cœur !