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PROLOGUE.

Encore une fois des bruits sortaient de l’ombre et arrivaient jusqu’à son oreille.

Et, chose bizarre, ce bruit était encore une sorte d’écho.

Quand il avait descendu la montagne en quittant la ferme, ses pas avaient éveillé d’autres pas dans la nuit ; les chiens du village de Corrib avaient hurlé deux fois ; dans la brume du lac, des avirons mystérieux avaient battu l’eau, répondant au son de ses rames ; et maintenant qu’il était à cheval, la terre humide du bog résonnait sourdement au loin sous les pas d’autres chevaux.

Car il ne se trompait point, c’était le trot de plusieurs chevaux qu’il avait entendu et qu’il entendait encore…

Il y en avait plusieurs, il y en avait beaucoup…

À droite, à gauche, par derrière, leur trot sonnait sur le gazon flasque.

La nuit noire arrêtait l’œil de Morris ; il ne voyait rien, mais les nocturnes voyageurs se rapprochaient de lui insensiblement, comme s’ils eussent tendu à un but commun.

Le moment arrivait où ils devaient entrer dans la voie de Morris, et alors une rencontre était inévitable, car, entre le mont Corbally et