la rivière de Moyne, le bog aboutit à un passage étroit et unique.
Morris ouvrit le carrick qui sert de manteau à tout fermier irlandais, et tira de sa poche un carré de toile noire qu’il fixa sous son chapeau à bords étroits.
Les plis de la toile retombèrent de manière à masquer entièrement son visage.
D’une main il soulevait ce voile pour garder sa vue libre, de l’autre il continuait à flatter son poney, qui redoublait d’ardeur et allait comme le vent.
Un demi-mille se fit encore de cette sorte.
La lune arrivait au rebord du grand nuage noir aux extrémités duquel ses rayons mettaient une frange argentée ; une lumière confuse et grise se répandait lentement par les bogs.
Morris regardait de tous ses yeux, voulant profiter de cette éclaircie ; il aperçut d’abord une forme fugitive, aussi noire que l’ombre et qui tranchait à peine dans l’obscurité.
Cette sorte de fantôme était à cheval comme lui, et comme lui courait en zigzag dans la tourbière.
La lune montra un coin de son disque au delà du grand nuage.
Le bog sortit de l’ombre ; une autre forme