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DEUXIÈME PARTIE

mages ; l’année d’après aussi, l’année suivante encore…

Les middlemen, au lieu de témoigner leur joie de ces promesses inespérées, gardaient tous le silence.

Dirck Mellyn roulait ses petits yeux vifs qui disparaissaient, se remontraient et disparaissaient encore, sous l’ombrage de ses gros sourcils, avec une rapidité prestigieuse. Le bon Noll Noose semblait atterré ; il fixait sur le lord son regard plein de détresse et de défiance. Il écrasait, sans le savoir, sous son bras, le feutre fauve de son chapeau rond, et ressemblait à un homme étourdi par l’imminence imprévue d’un grand péril.

— Vous m’entendez bien, mes garçons, reprit Montrath ; je veux vous venir en aide, comme c’est mon devoir… Point d’augmentation !… une simple somme, une misère ! que des circonstances extrêmes me contraignent à exiger de vous.

— Ah ! Jésus ! Jésus ! balbutièrent les malheureux middlemen qui étaient tout pâles.

— Trois cents livres chacun, poursuivit Montrath, pas un shilling de plus… et soyez, sûrs que vous serez les mieux traités de vos confrères.

— Mais, milord…