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LES SAXONS.

part sur sa personne les couleurs du Repeal.

Morris rougit et ne releva point sa paupière.

C’était surtout pour Mill’s Mac-Diarmid que la pensée de Morris était un impénétrable secret.

Le vieillard, d’un geste véhément, toucha sa poitrine où s’étalait une large cocarde verte.

— La voilà ! s’écria-t-il, voilà l’image de la patrie !… Je la porte entre les murailles de ma prison ; je la porterai, s’il le faut, sur les planches d’un gibet !… L’Irlande ! enfants, le Repeal et notre père O’Connell ! Oh ! travaillez toujours dans cette voie !… Point de paresse ! point de trêve ! le repos est une lâcheté.

— Mon père, dit Morris à voix basse, j’étais venu pour vous entretenir d’un autre sujet.

— Et de quoi voulez-vous parler aujourd’hui, Mac-Diarmid ? s’écria le vieillard impétueusement. C’est aujourd’hui le jour de la grande bataille !… Robert Peel et O’Connell sont en présence, l’orangisme et le Repeal, la tyrannie infâme et la sainte cause de la liberté !

— La liberté ! répéta Morris, dont la voix avait un accent d’amertume.

Mais il n’acheva point sa pensée.

— Un autre sujet ! reprit le vieillard qui s’animait de plus en plus ; quand le glaive est tiré, quand le plus grand des Irlandais, notre provi-