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DEUXIÈME PARTIE

dence à tous, Daniel O’Connell, est peut-être aux portes de la ville… car il a promis de venir, et il viendra, le digne chrétien ! Oh ! que je voudrais le voir ! que je voudrais entendre sa parole, et toucher sa main qui conduit l’Irlande, et baiser le bas de ses vêtements !

Le sang de Mill’s montait à son visage ; ses yeux étaient humides, son front rayonnant de cet enthousiasme sans bornes qu’inspire à tout repealer la pensée du Libérateur.

— Sullivan ! poursuivit le vieillard ; Sullivan ! misérable sangsue grossie par notre sang ! Ose-t-il bien accepter les chances du poll dans une ville du Connaught ! Il est riche, il aura des voix… Mais le bon William Derry en aura davantage. Ah ! que ne suis-je sur la place de Galway ! O’Connell et Derry pour toujours !… Derry triomphera, n’est-ce pas, Mac-Diarmid ?

— On le croit, répondit Morris.

— Vous ne dites même pas : On l’espère ! répliqua le vieux Mill’s avec amertume. Morris, vous n’avez pas le cœur d’un Irlandais !

— Que Dieu vous protège, père ! prononça Morris, dont la voix tremblait ; je n’ai plus rien à aimer que l’Irlande.

— Alors, longue vie à O’Connell, enfant ! puisque O’Connell est le salut de l’Irlande.