Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
LES SAXONS.

s’est glissée dans une âme ? Que font ces vains combats et ces farouches sophismes où s’égare un instant le cœur de la vierge ?…

Francès aimait.

Quelle page pour le carnet de Fenella Daws !…

Cette poétique femme n’avait plus guère à voir en Irlande qu’un drame judiciaire et la grande comédie des élections.

Or le drame et la comédie s’annonçaient pour le même jour. Il fallait le loisir. C’était d’après le vœu de Fenella que le vieux Mill’s Mac-Diarmid subissait de si grand matin son dernier interrogatoire.

Fenella, comme toutes les femmes qui remplissent de leurs pensées écrites de vastes portefeuilles, avait des prétentions au sceptre conjugal. L’austère Josuah Daws n’eût pas mieux demandé que d’être le maître ; mais Fenella, impérieuse autant qu’une jolie femme, avait miné petit à petit la volonté de son mari. Le sous-intendant de police, après une défense qui n’était pas sans mérite, avait fini par céder, de guerre lasse, et obéissait à sa femme tout en gardant ses dehors d’importance et de sévère supériorité.

Fenella lui avait dit la veille que son caprice était d’assister à l’interrogatoire du vieux payeur de minuit.