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DEUXIÈME PARTIE

— Et vous nous avez donné six pence, ajouta Paddy.

— Six pence pour acheter du gâteau d’avoine, mon bon lord !

— Et qui vous envoie vers moi ?

— Oh ! Lord ! Jésus ! s’écria la petite Su, qui nous envoie ?… Personne ne nous envoie, mon bon seigneur !… Si l’on savait que nous sommes venus, nos pauvres corps seraient demain avec les poissons, au fond du Corrib…

— Nous sommes venus, reprit Paddy, pour avoir six pence, mon bon lord, et pour vous sauver la vie.

Le major se tourna vers ses officiers qui souriaient avec mépris et haussaient les épaules.

— Que pensez-vous de cela, messieurs ? demanda-t-il.

— Nous pensons, répondirent tout d’une voix les officiers, que ces petits drôles veulent nous attirer dans quelque embuscade, le long des taillis, qui bordent le Corrib.

— Oh ! non, Vos Honneurs ! s’écria la petite Su.

— Oh ! non, non, répéta Paddy, non, bien sûr !… nous venons vous dire au contraire ou est l’embuscade.

— Il y a donc une embuscade ? dit le major.