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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/124

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TROISIÈME PARTIE.

— Milord, dit Mary gravement, il ne faut point être si curieux !… Qu’il vous suffise de savoir qu’elle n’a point envie de mourir de sitôt, et que, du fond de son tombeau, elle pourra bien nous enterrer tous tant que nous sommes.

— Mais pourquoi me cachez-vous sa retraite, Mary ?

— C’est une idée qui me vint tout de suite… La pauvre fille était si douce !… je me dis : « Milord pourrait bien quelque jour l’enfermer ailleurs… » Alors, moi, je n’aurais plus mon gage… j’aurais beau dire : « Milord est bigame, milord est assassin… »

— Plus bas ! au nom de Dieu, plus bas !…

— Il n’y a là pour nous entendre, milord, dit Mary dont la voix prit pour un instant une mordante amertume, que les vieux Fulton vos ancêtres… et le diable sait si vos ancêtres valaient mieux que vous !… Pour en revenir, une fois que vous auriez envoyé mon ancienne maîtresse (car j’ai été servante, moi, pourtant !) en France, en Amérique, n’importe où, je crois que je serais mal venue à venir vous demander deux mille livres sterling tous les quinze jours… et j’ai besoin de cela pour vivre, Montrath.

Mary éleva son verre de rhum et regarda le jour au travers.