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LE CHATEAU DE MONTRATH.

— Si vous m’aviez épousée, milord, reprit-elle d’un air distrait, c’eût été pour vous un bien bon mariage !… Qu’a pu vous apporter en dot lady Georgiana ? quelque vingt mille livres de revenu ? Je vous coûte le double… En devenant mon mari, vous eussiez gagné cent pour cent.

Montrath ne répondait point. Il demeurait silencieux et soumis devant les grossières railleries de cette femme, comme il était resté vaincu en face de ses menaces. Il y avait dans sa posture et dans la piteuse expression de sa physionomie une sorte de comique plaintif. À le voir ainsi battu sans pitié, le rire fût venu jusqu’aux lèvres, mais il s’y serait glacé, parce que, derrière cette situation grotesque, il y avait tout un lugubre drame.

Mary Wood était en goût de parler.

— Cent pour cent et rien à craindre !… Ma foi, Montrath ! vous devez être aux regrets !… Mais je ne suis point jalouse de lady Georgiana, vraiment ! la preuve, c’est que je bois à sa chère santé… Saluez au moins, Montrath, puisque votre verre reste vide !

Lord George s’inclina machinalement.

— À quelle heure allez-vous me donner mes deux mille livres ? demanda mistress Wood.