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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Francès avait ce qu’il faut de force et d’intelligence pour se suffire à soi-même, mais elle regrettait, et mettait son isolement à l’abri d’une réserve froide.

Dans le grand monde elle eût peut-être trouvé des déceptions analogues, car son esprit sincère et clairvoyant ne se fût point arrêté aux surfaces ; mais son intelligence eût été satisfaite, sinon son cœur. Elle eût bénéficié de tout ce qui sépare le ridicule original de sa burlesque copie.

Parmi les compagnes de son enfance, elle n’avait conservé d’autre amie que Georgiana. Durant les premiers mois, elles s’étaient vues souvent. Plusieurs fois par semaine, Francès prenait le chemin de West-End, et plusieurs fois l’équipage de la jeune lady s’arrêtait devant la demeure modeste du sous-intendant de police, au grand et vaniteux contentement de Fenella Daws.

On en parlait dans Poultry, dans Ludgate et jusque dans Cornhill. Cela donnait aux actions de Fenella un cours tout à fait considérable.

Mais, la saison finie, Georgiana quitta Londres, où il n’est point permis de rester après le mois de juin ; les visites cessèrent ; Francès fut seule.

Au printemps suivant, elle revit son amie une