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TROISIÈME PARTIE.

fois, deux fois peut-être : ce fut tout, parce qu’il y avait de si beaux bals ! Et puis Georgiana était sur le point de se marier.

C’était donc après une longue absence qu’elles se retrouvaient aujourd’hui, bien contentes : Georgiana, parce qu’elle était dans un moment d’ennui mortel et de tristesse ; Francès, parce qu’elle avait bon cœur et qu’elle aimait.

— Comme vous voilà devenue plus jolie, Francès ! dit Georgiana en caressant doucement les mains de la jeune fille ; on voit bien que vous êtes heureuse !…

Francès leva sur elle ses grands yeux bleus souriants.

— Et vous, milady, murmura-t-elle, n’êtes-vous pas heureuse ?…

Un nuage passa sur le sourire de Georgiana. Ce fut l’affaire d’une seconde. Il lui plaisait en ce moment d’être gaie.

— Chère, répliqua-t-elle avec une petite moue, vous me trouvez donc enlaidie ?…

Elles étaient là sur la causeuse tout près l’une de l’autre, et charmantes toutes deux. Leurs cheveux blonds se touchaient presque, mariant leurs nuances pareilles ; leurs yeux bleus rivalisaient de douceur ; le même rose pâle était leurs joues.