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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/27

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

— Qui vous fait donc penser ?… commença Francès.

La jeune femme l’interrompit d’un geste, et parvint à se redresser sur la causeuse.

— Il faut que je vous dise tout, Fanny, murmura-t-elle ; vous ne pourriez jamais deviner… vous me croiriez folle… Laissez-moi respirer. Quand cette idée me vient, je me sens perdre courage… Mourir si jeune !…

Lady Montrath joignit les mains sur ses genoux, et sa tête se renversa sur le dossier de la causeuse.

Elle recueillait ses esprits troublés. Francès n’osait plus parler, et la contemplait, inquiète.

Au bout de quelques secondes, lady Montrath rouvrit ses yeux à demi clos et rompit le silence.

— C’est une étrange histoire, reprit-elle, et dont j’ai pu seulement saisir çà et là quelques pages détachées… Mais cela me suffit pour comprendre, et je sais le sort qui m’attend… Écoutez-moi, Fanny, et n’allez pas me taxer de folie, car ce que je vais vous dire sera la cause de ma mort…

« Lord George était veuf depuis quelques mois à peine, lorsque je l’épousai… Personne à Londres ne connaissait sa première femme. Il