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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/41

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

brisée de terreur et mon cœur défaillait. Pour la première fois j’interrogeai mon mari.

« J’avais vu cette femme à Londres et j’avais pu constater son étrange pouvoir sur lord George ; je l’avais retrouvée en France, en Allemagne, en Italie. Partout elle nous avait suivis, et toujours lord George, obéissant, s’était courbé à ses moindres caprices.

« Si bien que mes revenus et les siens, formant ensemble une des maisons les plus opulentes des trois royaumes, n’ont pu suffire aux caprices insensés de cette créature, et que lord George a dû faire des emprunts considérables…

« Jamais je n’avais osé l’interroger. Ce jour enfin, mon épouvante fut plus forte que ma timidité ; je rassemblai mon courage et j’exigeai une explication. »

— Eh bien ?… dit Francès.

— Lord George fut longtemps avant de me répondre. Sa physionomie froide, mais bienveillante d’ordinaire, s’assombrissait à mesure qu’il réfléchissait.

« — Milady, répliqua-t-il enfin, je vous ai dit déjà que cette femme est une pauvre folle… c’est tout ce que je puis vous apprendre et je vous prie de ne plus m’interroger à l’avenir.

« Ces derniers mots furent prononcés d’un