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TROISIÈME PARTIE.

était un assassin ; tant que Jessy O’Brien vivait, lord George était bigame.

Cet argument était de ceux auxquels on n’essaye point de répondre.

Il y avait bien à dire que Mary Wood était complice dans les deux cas, et qu’en perdant le lord elle se perdait elle-même. Mais les objections de cette sorte sont vaines lorsqu’elles s’adressent à de certains personnages.

Mary Wood était une joueuse intrépide ; elle tenait le tout pour le tout, Montrath le savait.

Jusqu’au moment où le crime accompli avait mis le lord en son pouvoir, celui-ci ne l’avait point connue sous son véritable aspect. Il avait vu en elle un instrument silencieux et inerte ; il s’était dit : « Je l’achèterai avec quelques poignées d’or, et je l’enverrai végéter loin de Londres dans quelque coin obscur où elle mourra ivre et muette… »

Dans cette persuasion, il s’était livré complétement à elle et l’avait chargée de le débarrasser de Jessy O’Brien, de quelque manière que ce fût, sauf le meurtre.

Car le meurtre faisait peur à lord George, qui aimait à dormir tranquille.

Crackenwell devait être de moitié dans l’office de Mary Wood.