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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/93

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LE CHATEAU DE MONTRATH.

Wood, qui n’avait rien de tout cela, courait aprés George Montrath.

Et chemin faisant, lorsque son humeur quinteuse l’y portait, elle mettait le pauvre lord à la torture. C’étaient tantôt des menaces adressées à lui-même, tantôt de mystérieuses et emphatiques paroles prononcées devant lady Georgiana, qui devenait pâle à son aspect et laissait percer son épouvante.

Ce résultat divertissait fort Mary Wood. Elle n’était pas absolument méchante, ou plutôt sa pensée sommeillait trop souvent pour qu’on pût lui appliquer cette épithète supposant de la réflexion, mais elle aimait à faire peur. La frayeur qu’elle causait émoustillait son ivresse lourde et froide. C’était là une portion de sa manie.

Ses autres goûts, à part le rhum, consistaient à se parer follement, à briller comme un soleil, se couvrir de diamants et à rassembler la foule sur son passage.

Peu lui importait que l’on raillât, pourvu qu’on fit du bruit autour d’elle. C’était une véritable folie de servante qui cherchait à se payer en grossier triomphes des mépris essuyés autrefois…

Il était environ sept heures du matin lorsque son paquebot entra dans le port de Galway.