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Page:Féval - La Tache Rouge, volume 1 - 1870.djvu/18

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LA TACHE ROUGE

que j′ai dégringolé loin de ces choses-là et de ces gens-là ; mais chaque fois que je vois la bonne dame, je pense à l′autre… bah ! l’autre est morte. Il ne reste que Minerve et moi… et la comtesse Athénaïs… et le nègre blond qui est riche, riche, riche ! La bonne dame ne leur est de rien.

Il donna un tour d′épaule qui secoua le contenu de sa hotte, et poursuivit son chemin.

C′était donc une dame, notre femmelette ? et une bonne dame ? Elle regarda du coin de l’œil le chiffonnier qui s’éloignait et murmura :

― Il l′ont laissé pauvre parce que la misère est un esclavage. Quelqu’un qui lui dirait à l’oreille son vrai nom : Eustache Morin… mais il ne fut qu’un instrument acheté à vil prix, et ce n’est pas pour lui que le sang s’est changé en or.

Certes, à la voir sautiller sur le pavé, on n’eût point deviné la nature tragique de ses pensées.

La lumière du gaz l′éclairait par derrière pendant qu′elle hâtait le pas. Elle portait une petite robe de laine noire, sans crinoline assurément, un petit châle de la même étoffe et de la même couleur, un petit chapeau, noir aussi, avec un vieux voile que le vent nocturne déployait.

Le profil de son panier semblait énorme.

Vis-à-vis du terre-plein où est la statue, le sergent de