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LA VAMPIRE

du matin ses cheveux blonds, qui scintillaient sous le premier, regard du soleil levant.

Elle se pencha, gracieuse, et quoique Georges ne pût la voir, elle lui envoya un souriant baiser.

Les agents s’ébranlèrent tous à la fois : c’était un signal.

À ce moment, le cocher enlevait son cheval ; qui, robuste et vif, partit des quatre pieds et passa, jetant une demi-douzaine d’hommes sur le pavé.

La comtesse Marcian Gregoryi restait à la fenêtre, suivant le cabriolet, qui descendait la rue comme un tourbillon. Le pavé de la rue Saint-Hyacinthe tournait. Quand le cabriolet disparut, la blonde charmante s’éloigna de la croisée à reculons et en referma les deux battants.

— À cette heure, dit-elle, il n’en doit plus rester un seul de ceux du faubourg Saint-Antoine. J’ai conquis ma rançon, je suis libre, je ne laisse rien derrière moi… Demain, je serai à cinquante lieues de Paris.

Elle se retourna soudain, étonnée, parce qu’un pas sonnait sur le plancher de la chambre, tout à l’heure déserte.

Quoique son cœur fût de bronze, elle poussa un grand cri, un cri d’épouvante et de détresse.

René de Kervoz étant devant elle, hâve et défait, mais l’œil brûlant.

— Je viens trop tard pour sauver, dit-il, je suis à temps pour venger.

Il la saisit aux cheveux, sans qu’elle fît résistance, et appuya sur sa tempe le canon d’un pistolet.

Le coup retentit terriblement dans cet espace étroit.

La balle fit un trou rond et sec, sans lèvres, autour duquel il n’y eut point de sang. Il semblait qu’elle eût percé une feuille de parchemin.

La comtesse Marcian Gregoryi tomba et demeura immobile comme une belle statue couchée.

XXV

L’EMBARRAS DE VOITURES.

René de Kervoz avait coutume d’entrer chez son oncle par la rue Saint-Jacques. Il possédait une clef du passage secret. Georges Cadoudal avait réglé cela ainsi, afin que le fils de sa sœur ne fût pas compromis en cas de mésaventure.