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LE BOSSU.

Il faut avouer aussi, s’interrompit le prince de Gonzague avec dédain, que l’ancien métier du personnage lui donnait des facilités qui ne sont pas à tout le monde.

— Je ne sais pas quel métier il a fait, dit le régent.

— Le métier de saltimbanque avant de faire le métier d’assassin… ici, sous vos fenêtres, dans la cour des Fontaines, ne vous souvenez-vous point d’un malheureux enfant qui gagnait son pain à faire des contorsions, à désarticuler ses jointures, et qui notamment contrefaisait le bossu ?

— Lagardère ! murmura le prince en qui un souvenir s’éveillait ; c’était du vivant de Monsieur !… nous le regardions par cette fenêtre… le petit Lagardère !…

— Plût à Dieu ! que ce souvenir vous fût venu il y a deux jours !… Je continue : Dès que je soupçonnai son arrivée à Paris, je repris mon plan où je l’avais laissé… j’essayai de m’emparer du couple imposteur et des papiers que Lagardère avait soustraits au château de Caylus… Malgré toute son adresse, Lagardère ou le bossu ne put m’empêcher d’exécuter une bonne partie de ce plan : il ne parvint à sauver que lui-même : je pus mettre la main sur la jeune fille et sur les papiers.