Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/524

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marbre blanc s’apercevaient à travers les branches qui se ressentaient déjà des approches de l’hiver. Didier jetait sur tout cela un regard distrait ; involontairement, son esprit était revenu aux pensées qui avaient préoccupé son réveil. Comme il arrive souvent aux esprits vifs et poétiques, il lui suffit, pour ainsi dire, d’évoquer l’illusion pour qu’elle reparût. Ces grandes murailles de verdure devinrent pour lui de vieilles connaissances. Il se retrouva dans ces dédales, et quoique leur artifice fût assez innocent pour que la chose pût sembler naturelle, il crut ou tâcha de croire que le souvenir était pour lui le fil d’Ariane.

— Voyons ! se disait-il d’un ton moitié enjoué, moitié sérieux : voyons si je me trompe !… si je me souviens ou si je divague ! ma mémoire, ou mon imagination me dit qu’au bout de cette allée, à droite, il y a un berceau, et dans ce berceau une statue de Nymphe antique… Voyons !

Il prit sa course, impatient et inquiet ; car l’illusion avait grandi et il en était déjà à craindre une déception. À quelques pas de l’endroit où la charmille faisait un coude, il s’arrêta et glissa son regard à travers les branches. Il devint pâle, mit la main sur son cœur et laissa échapper un cri… Berceau et statue étaient là devant ses yeux. Seulement au cri qu’il poussa, la statue, charmante Nymphe vêtue de blanc, tressaillit vivement et se retourna.

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