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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/118

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LE JEU DE LA MORT.

108 LE JEU DE LA MORT,

Le verre et la bouteille, séparés par les deux queues, les trois billes et le ruban, communi- quaient néanmoins entre eux. Le génie de l’ar- tiste vitréen l'avait voulu ainsi. De la bouteille débouchée un jet mousseux partait avec fureur, passait par-dessus le trophée sans perdre une goutte et allait retomber dans le verre.

Une idée comme celle-là, à la fois ingénieuse et hardie, exécutée du reste avec l’habileté sur- prenante que chacun accordait à Chabot, vitrier, rue de l'Église, au fond de la cour, maison Trouillard, ne pouvait manquer d’avoir un succès d'enfer.

Tout Vitré vint pendant trois mois de suite, à l'heure de la promenade, admirer les deux queues, le ruban, les trois billes, la bouteille, le verre et le jet de mousse.

Pour faire oublier ce chef-d'œuvre, il fallut que Chabot, le même Chabot, peignit à fresque sur la muraille d’un marchand de tabae deux pipes fumant toutes seules, quatre carottes et la tête de Jean Bart, roi des fumeurs.

Mais ne nous égarons pas dans des digressions inutiles. Nous avons payé à Chabot un juste tri- but ; que cela nous suffise.

Au-dessus du trophée, le fils aîné de Chabot, qui était peintre en lettres et déjà bien fort,