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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/142

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LE JEU DE LA MORT.

132 LE JEU DE LA MORT.

— Ça veut dire qu’il ne trouverait à em-

prunter chez moi ni le triple, ni le double, ni

soixante mille francs, ni soixante mille sous !

— Je crois bien, M. de Guérineul, riposta la veuve.

— Qu'est-ce que ça veut dire, ça : « Je crois bien! » madame Ragon ?

— Ça veut dire, M. de Guérineul, que vous n’avez ni soixante mille francs, ni soixante mille sous, ni soixante mille liards. Voilà.

Ma foi, les réponses vitréennes ou vitriâsses peuvent manquer de finesse et d’atticisme, mais elles frappent ferme, juste et dur.

Le jeune M. de Guérineul pirouetta sur ses talons et se prit à siffler une chanson, tandis que madame Ragon, digne et fière, se reposait dans sa victoire.

Une chose étrange, c’est que la lutte n'avait point eu de juge du camp. Tous les hôtes du grand café de l'Industrie semblaient de plus en plus préoceupés. Fifi Romblon et son père, profi- tant de l'éloignement de Guérineul, causaient maintenant à voix basse. Quant à Menand jeune, artichaut et notaire, il s'était endormi après avoir achevé de dévorer la mèche de son fouet.

Ce fut en ce moment que M. Berthelleminot de Beaurepas, gentilhomme tourangeau, cheva-