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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/216

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206 LE JEU DE LA MORT.

craint, parce qu’il sait les secrets de chacun comme s’il était un sorcier ayant commerce avec Satan.

Madame Marion fit un mouvement et s’inclina devant un crucifix d’ébène qui reposait dans la ruelle de son lit.

Il en était pour elle de la religion comme de toute autre chose quelconque. Elle en usait à ses heures et dans la mesure précisément nécessaire à son bien-être.

Oh! quelle épicurienne perfectionnée que cette grosse petite bourgeoise ! quel sage esprit! quel cœur rangé! Nous Ja peignons en buste avec soin, avec conscience, afin d'enseigner à un sexe sensible l’art d’engraisser et de devenir rouge.

Tiennet eut un sourire triste.

— N'ayez pas peur, madame, poursuivit-il doucement; ils se trompent : je ne suis pas un sorcier. Si j'étais un sorcier, je saurais le nom de ma mère.

Ceci était péremptoire; madame Marion tourna le dos au crucifix.

— Hélas! continuait Tiennet, il y a du vrai dans ce qu’ils disent pourtant. Je sais bien des choses que je ne devrais pas savoir. Mais que vous importe cela ?