Aller au contenu

Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
LE JEU DE LA MORT.

Tous les goûts sont dans la nature. Abd-el-Kader a voulu tuer son domestique français, parce que ce domestique mangeait des écrevisses. Abd-el-Kader, comme chacun sait, dévore des montagnes de sauterelles.

Il y avait là, sur les billots qui s’alignaient des deux côtés du foyer, la vieille Renotte qui filait d’une main et qui tournait les grous de l’autre ; Mathurin Houin, le meunier ; Pierre Méchet, le tresseur de paille ; Yvon, Fancin, Mérieul ; et Yaume, le pâtour, et Louisic, du four à fouaces.

Sans parler des domestiques du manoir, dont les noms bretons, normands ou manceaux nous échappent.

Au moment où nous entrons dans la cuisine, Renotte, excellente vieille qui avait trois verrues sur le nez, deux au menton, cinq à la joue et une belle moustache grise à chaque verrue, venait de finir une histoire, la fameuse histoire de la perrière sans fond, où monseigneur l’évêque tomba avec son carrosse à quatre chevaux.

L’assistance savait l’histoire aussi bien que dame Renotte ; mais en Bretagne, mieux on sait une histoire, plus tendrement on l’aime.

— Ce qui vous prouve bien, avait dit la vieille Renotte comme moralité de son récit, que la perrière était sans fond, puisqu’on n’a jamais