Aller au contenu

Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LE JEU DE LA MORT.

vron chantaient ainsi une antienne à la pluie.

C’est que, depuis trois jours, la glace avait pris l’étang de Bréhaim et empêchait d’ouvrir les portes des écluses. Cette pluie, c’était le dégel, c’est-à-dire la délivrance.

Suivant la logique des pensées ayant cours obligé dans la cuisine du Ceuil, il y avait mille à parier contre un que la première parole après bonne pluie serait :

— Il y aura des pommes, cette année.

À quoi Mérieul, Yvon ou Fancin devaient répondre :

— Ça se pourrait bien, tout de même !

Afin que Mathurin Houin et Méchet eussent occasion d’ajouter :

— Ah ! dame ! oui, dame !

Mais la porte qui donnait dans l’intérieur du manoir s’ouvrit doucement et livra passage à une jeune fille moitié paysanne, moitié soubrette, l’air un peu plus futé qu’il ne faut, qui entra d’un pied furtif et s’en alla occuper un billot vide.

Cette jeune fille échangea en passant un petit signe de tête avec Yaume le pâtour. Son arrivée produisit un mouvement manifeste de curiosité.

La vieille Renotte arrêta son rouet.