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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/263

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PROLOGUE. 255

Je ne sais pas si c’est pour elle ou pour M. Lu- cien, mais je l'aime... Oh! je voudrais rester ici! Mais chacun a derrière soi un bras qui le pousse... Vois-tu, Yaume, M. Lucien Créhu, le brave et bon cœur, est pour moi ce que made- moiselle Berthe est pour toi... Un jour, moi aussi, j'ai été pris de désespoir. J'étais seul dans la maison de mon père mort. et je venais d'apprendre un secret qui me faisait homme, moi, l'enfant de la veille... M. Lucien vint me chercher ; il me donna la main. il m’embrassa comme si j'avais été son frère... Oui, je m'en souviens et je m'en souviendrai toujours : il m’embrassa. Le lendemain, il suivit le corps du bonhomme Toussaint Blône qu’on portait au cimetière. tout seul avec moi et en me tenant par la main... Pâtour, écoute-moi !... Quand le vieux Jean de la Mer va être mort, il se passera d’étranges choses au château du Ceuil... La petite demoiselle Berthe aura peut-être toute la fortune.

Yaume frappa ses mains l’une contre l’autre et lança son chapeau de paille en l'air.

— Peut-être n’aura-t-elle rien au monde, acheva Tiennet ; reste tranquille et laïsse-moi parler. Tu as entendu dire parfois que je sais bien des choses.

LE JEU DE LA MORT. À. 22