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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/275

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PROLOGUE. 265

pur en ce bas monde, c’est la religion catholi- que. Plus une chose est belle, plus la caricature de cette chose est odieuse ct laide. Fargeau était la caricature d’un prêtre.

Il avait trente ans au plus. On ne l’aimait pas dans la campagne voisine ; mais ce sentiment de répulsion qu'il inspirait n’avait point de cause positive. Personne ne pouvait dire qu’il eût commis une action mauvaise.

C'était un peu comme Jean de la Mer, son oncle et son patron, qui ne faisait ni bien ni mal. Seulement, Jean de la Mer avait pour lui son aspect viril et le souvenir de ses hauts faits de corsaire, tandis que Fargcau n'avait rien.

Parlez-nous de Lucien, le gai compagnon, l’a- moureux , le danseur , le chasseur ; de Lucien, qui chantait à la messe comme un bon chrétien qu'il était, mais qui menait la vie rondement et s’habillait, sarpejeu ! comme un gentilhomme!

Bonnes guêtres de daim, lacées sur des culot- tes grises, et habit vert à boutons ciselés. Fusil sur l'épaule, carnassière aux reins.

Oh! un joli cœur, celui-là , qui embrassait une fille, le temps de dire : Jésus Dieu !

Et l'air d’un homme, au moins, le front haut et l’œil ouvert!

M. Fargeau Créhu, seul sur la terre d :i'Mes-

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