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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/29

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PROLOGUE.

regard de défi ; s’il n’y avait pas de prêtres, il n’y aurait pas de péché !…

— La paix, vieille femme ! dit Mathurin Houin avec autorité ; excepté vous, il n’y a ici que des chrétiens.

— J’ai un rosaire dans ma poche, Mathurin Houin, et je suis meilleure chrétienne que toi qui voles sur le blé à ton moulin, et qui battais ta femme avant de l’avoir tuée.

— Allons ! allons !… firent quelques voix conciliatrices.

Et d’autres ajoutèrent, pour détourner adroitement la conversation :

— Oh ! la bonne pluie ! la bonne pluie ! demain la prairie sera découverte.

Un silence se fit pendant lequel on n’entendit que la résine crépiter sous le manteau de la cheminée et l’averse battre contre les carreaux.

— En voilà un homme qui a gagné de l′argent dans sa vie ! reprit Olivette au bout de quelques secondes.

— Et qui a roulé sa bosse ! ajouta Mérieul.

— On dit, poursuivit Olivette, qu’il était dans son temps le plus beau garçon du pays.

— On dit vrai, la fille Olivette, repartit aigrement Renotte ; ce n’est pas à présent qu’on trouverait un homme comme Jean de la Mer !