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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/52

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LE JEU DE LA MORT

Mais attendre dans cette nuit plaintive, parmi ces sons étranges! Attendre toute seule au mi- lieu des ténèbres, quand cet homme se mourait là, tout près ! quand on avait vu le cierge!.…

Olivette n’était pas une nature très-poétique, et le merveilleux ne la génait guère quand il faisait beau soleil sur la lande. Mais c'était une fille de la Bretagne, après tout, et cette lugubre nuit pesait sur l'âme comme un linceul glacé.

Elle n’attendit point M. Fargeau.

Curieuse qu’elle était, loin de jeter comme à l'ordinaire son regard furtif dans la chambre de M. Jean Créhu, dont la porte entre-bäillée laissait passer une étroite bande de lumière, elle hâta le pas en frissonnant et fit par trois fois le signe de la croix.

Car, sous peu, cette chambre allait être ten- due d’un drap noir, semé de tristes larmes d’ar- gent.

N’avait-on pas vu le cierge?…

Si Olivette eût été plus brave, elle aurait vu la chambre de Jean de la Mer, silencieuse et morne, éclairée par une seule lampe.

C'était une vaste pièce, boisée de chéne brun et ornée cà ct là de quelques vieux portraits pendus comme au hasard contre les lambris.

De noirs soliveaux, soutenus par une mai-