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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/57

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PROLOGUE.

PROLOGUE. 47

quer ce qui se sent? et qu'ajoute, je vous prie, la plus habile dissertation au parfum d’une rose ?

Là-bas, dans ces demi-ténèbres, ressortant sur le marbre noir de la haute cheminée, vous eussiez dit l'ange des toiles inspirées, l'ange mystique qui prie, qui sourit ou qui pleure à la droite de l'âme.

Elle était belle, cette pauvre fille à qui Dieu avait pris la lumière, belle comme la mélancolie des seize ans, belle comme ce premier et triste sourire d'amour qui étonne l’insouciance de la vierge.

Belle et jolic, car c'était une enfant. Et dans sa nuit, la pauvre petite aveugle qui n'avait point de père et point de mère, elle souriait sou- vent, heureuse, confiante, consolée.

Hélas! elle pleurait aussi, et c'était navrant de voir briller de grosses larmes dans ces yeux si beaux, si purs, si tendres, dans ces yeux qui ne vivaient pas!

Berthe avait dix-sept ans. Elle ne se souve- nait point d’avoir vu jamais les rayons du soleil. Quand Jean de la Mer l'avait amenée avec lui, en 1815, elle était déjà aveugle.

Elle était grande et svelte jusqu'à paraitre frêle ; sa taille, toute gracieuse en sa faiblesse,