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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/73

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PROLOGUE.

PROLOGUE. 63

On eût dit que la céleste voix de Berthe lui était comme un conseil d'en haut.

Il regarda la jeune fille.

Les grands yeux bleus de Berthe étaient levés vers le ciel. Son, visage aux lignes heureuses et pleines d'harmonie, éclairé par la lumière plus vive, semblait avoir une douce auréole.

Jean de la Mer se disait :

— Eh bien! qui sait? 11 me semble que je m'endormirai plus tranquille là-bas, dans le cimetière de Vesvron, si je la laisse heureuse.

Berthe s’était arrêtée.

— Chante encore, ma fille, dit Jean dela Mer ; chante, je l'écoute.

Et cette fois, ce mot, ma fille, avait cette tendresse que lui donne la bouche d’un père.

Berthe reprit :

« Quand la pauvre fille entendit ce que disait le rossignol, elle mit ses deux mains en croix :

« — Dame Marie, je vais dire un Ave en votre honneur,

« Pour que j'aille bien vite attendre mes compagnes dans le paradis. (1).»

(1) Voir l’admirable recueil publié par M. Th. Hersart de la Villemarqué, le savant et puétique traducteur des poésies originales bretonnes, — Banzazeneiz, Chants de la Bretagne. — La romance à laquelle nous avons emprunté ici quelques vers est, suivant M. de la Villemarqué, l’œuvre de deux jeunes sœurs du pays de Cornouailles. — Elle a pour titre : Les Fleurs de mai.