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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/74

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LE JEU DE LA MORT

64 LE JEU DE LA MORT.

— Assez! dit en ce moment Jcan de la Mer.

Et son accent était tel que les doigts de Berthe s’arrétèrent, glacés, sur les cordes de sa harpe.

— Souffrez-vous davantage, mon oncle? de- manda-t-elle avec effroi.

Jean de la Mer, sans motif apparent, et dans ce court espace de temps qu’il avait fallu à la pauvre Berthe pour chanter les premiers vers de son troisième couplet, Jean de la Mer s’était transformé.

Nul ne savait à quel vent bizarre tournaient les pensées de ce vieil homme.

Cette froideur austère et sèche qui caractéri- sait si remarquablement son visage était tout d’un coup revenue.

Plus de sourire sous sa barbe, plus de rayon humain dans son œil qui avait pris l’immobilité du cristal.

Au lieu de répondre à l'interrogation de Ber- the, il jeta sa loupe loin de lui, comme s'il eût voulu dire : « Jene verrai plus rien en ce monde. »

Puis il plia en quatre le testament que nous avons transerit plus haut,

Et il l’approcha de la bougie pour le réduire en cendres.

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