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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/76

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LE JEU DE LA MORT

66 LE JEU DE LA MORT.

pluies et qu’une heure de grand soleil fait éva- nouir.

L'orgueil, la plaie honteuse et incurable !

Le péché originel !

Le mauvais ange, Satan!

Satan, tour à tour terrible et burlesque !

Il s'était habitué, ce vieillard, maintenant cou- ché sur son dernier lit, à étonner tout le monde.

Le monde, c’est-à-dire deux ou trois cents paysans de Vesvron et quatre douzaines de bour- geois de Vitré.

Car le monde est la chose la plus élastique qui se puisse rêver. Pour César, c’est l'univers romain. Pour Napoléon, ce sont les deux hémi- sphères. Pour le vieux Jean Créhu, orgueilleux pourtant comme Napoléon et César, c'étaient deux lieues carrées, un sol foulé par des sabots, soixante ou quatre-vingts taudis où l’on ne savait pas lire !

A la condition de plonger ce monde-là dans l'admiration etdansla stupeur, Jean Créhu disait: « Dieu n’est pas!» Jean Créhu se damnait…

Eh mais! n’allez-vous pas vous étonner et crier au vieux fou, bonnes gens de Paris, vous qui demeurez porte à porte avec quelque mapah râpé, avec quelque dieu plein de tabac et d’eau- de-vie?