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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 1 - 1850.djvu/78

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LE JEU DE LA MORT

68 LE JEU DE LA MORT.

c'est ignominieux! mais ça n'a pas de nom! Ils vont croire, les gens qui m’admirent, ils vont croire que j'ai tremblé au dernier instant, moi, le vieux corsaire! Alors, autant vaut appeler un prêtre !.…

Et Jean Créhu avait frémi comme les candi- des lecteurs de l’ancien Constitutionnel, quand le respectable organe prononçait le mot sÉSuITE.

Un prêtre pour Jean Créhu, l'esprit fort! un prêtre pour Jean Créhu, l’élève de l’Encyclopé- die! pour Jean Créhu, qui avait versé des lar- mes de crocodile aux douleurs déistes de Rous- seau!

Pour Jean Créhu, qui allait à la messe le dimanche, tant il était sûr de lui-même et de sa réputation !

Non pas, non pas! Jean Créhu, l’homme le plus étonnant qu’eüt produit jamais le territoire de Vesvron, voulait mourir comme il avait vécu.

Et c'était bien naturel!

Il voulait émerveiller ses amis et ses ennemis après sa mort comme pendant sa vie. Pour ce, il avait Jaborieusement composé un testament en quatre pages, modèle de hardiesse philoso- phique, fleur de scepticisme, miracle d'origina- lité.