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Page:Féval - Le Jeu de la Mort, volume 4 - 1850.djvu/257

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CHAPITRE XIV. 249

briel, il ne faut pas toujours me traiter comme un sot.

Lucienne lui prit la main.

— Je te traite comme le mieux aimé des frères, mon Gabriel, dit-elle, tu ne peux pas savoir... et moi-même , je ne pourrais pas l’ex- pliquer.… mais il y a bien du malheur autour de nous, va!... Crois-moi, mon frère, ajouta- t-elle en mettant des caresses dans sa voix, ne t'excuse pas à tes propres yeux en croyant que notre mère est riche... notre mère est pauvre.

— C'est impossible !

— Un jour qu’elle parlait de la conscription, j'ai vu des larmes dans ses yeux. Je crois qu’elle n’aurait pas de quoi te racheter en cas de mal- heur!!

— À la bonne heure! voilà bien les petites filles! s’écria Gabriel triomphant, toujours se méler des choses qu'elles ignorent! Notre mère n’a pu pleurer en songeant à la conscription, puisque la loi ne m'’atteint pas; c’est pour la forme que je tire. je suis fils unique de veuve. je suis soutien de famille.

— Soutien de famille!... ne put s'empêcher de répéter Lucienne.

Mais elle reprittout de suite, craignant d’avoir blessé Gabriel :

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