Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de mère ?… Mais je suis officier du roi, et cela vaut noblesse : tu auras mon aide, pour l’amour de Dieu.

— Merci ! merci ! s’écria Jude. En revanche, moi, je suis à vous, monsieur ; à vous de tout cœur et tant qu’il vous plaira. Maintenant, veuillez vous détourner quelque peu de votre route ; nous reviendrons ensemble au château.

Le capitaine suivit Jude aussitôt. Ils marchèrent un quart d’heure le long du chemin qui mène au bourg de Saint-Aubin-du-Cormier, puis Jude, tournant à gauche, s’enfonça tout à coup dans un épais taillis. Au bout d’une centaine de pas, Didier arrêta son cheval.

— Où me mènes-tu ? demanda-t-il.

— Au lieu où Nicolas Treml, mon maître, partant pour la cour de Paris, a enfoui l’espoir et la fortune de sa race.

— Tu as donc grande confiance en moi ?

Jude hésita un instant.

— Je vous confierais ma vie, dit-il enfin, mais le trésor de Treml n’est point à moi. Vous avez raison : mieux vaut que je sois seul à garder ce secret.

— Et mieux vaut, ajouta Didier, que je ne m’enfonce point trop dans ce fourré, au-delà duquel est la retraite des Loups. Ils pourraient me mordre, mon garçon. Va, tu me retrouveras ici.

Jude descendit de cheval et s’engagea, à pied, dans l’épais taillis où nous avons vu autrefois cheminer Nicolas Treml lorsqu’il portait en poche l’acte signé par son cousin Hervé de Vaunoy.

Resté seul, le jeune capitaine mit aussi pied à terre, s’étendit sur le gazon et donna son âme à la rêverie.