Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/113

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Et disait : « Rends-moi mon enfant !
Elle atDieu tout-puissant !
Arthur ! Arthur ! Hélas ! absence
Elle atBrise espérance :
Le faible est au pouvoir du fort
Elle atJusqu’à la mort ! »

Le caractère de ce chant est une mélancolie tendre et si profonde que le ménétrier qui le dit à un rustique auditoire est certain d’avance d’un succès de larmes. Il semblait que la pauvre Marie rapportât à elle-même le sens des deux derniers vers, car le chant tomba de ses lèvres comme un harmonieux gémissement.

— Fleur-des-Genêts ! murmura Didier.

Elle entendit et perça d’un bond le fourré.

Lorsqu’elle aperçut enfin le capitaine, ses genoux fléchirent ; elle s’affaissa sur elle-même en levant ses grands yeux au ciel, et son cœur s’élança vers Dieu.

Cette âme candide et virginale ignorait les artifices du mensonge ; elle lui raconta ses craintes et ses espérances et combien elle avait prié pour son retour ; ainsi se prolongea longtemps, avec tout le charme et la naïveté de l’innocence, cet entretien touchant qui devait avoir une influence décisive sur leur destinée.